« Il restait là, debout au milieu des gens, les yeux dans le vide, ces derniers temps, il lui semblait être à côté de tout. L’impression de n’être qu’un raté le tiraillait toute la journée. Le monde s’étalait devant lui et il ne pouvait rentrer dans sa danse. Il regardait les autres, il écoutait, mais tout ce qu’il pouvait dire lui semblait décalé, vide. Il semblait enchaîner erreur sur erreur, avoir des mots dénués de sens, des paroles pathétiques. Tous ses défauts semblaient se refléter dans le regard que les autres portaient sur lui. Il avait peur, peur que ses tares les fassent s’éloigner, se lasser de lui, l’abandonner et l’oublier, comme d’autres gens semblaient l’avoir fait si facilement auparavant. Il avait peur que cette solitude qu'il éprouvait violemment par moment devenait sa seule compagnie, et qu'il reste finalement totalement seul, seul avec son mal être. »
~
Le temps passe, et les frêles morceaux d’avenir que j’avais difficilement rassemblés près de moi s’effritent au fur et a mesure que j’essaye d’y croire. Cette pensée amère de l’échec, occupe mon esprit, tourne en rond. Je n’ai aucune foutue idée de ce que je vais bien pouvoir faire de moi. J’ai bien peur de ne pas être capable de grande chose. Je me sens faible et je déteste ça. Un peu comme lorsque les deux premiers jours de la semaine, je monte cette côte jusqu'au lycée, je me sens presque incapable d’arriver jusqu’en haut. C’est con.
Et ce n’est pas ma prof d’arts plastiques qui va me donner matières pour me rassurer. « Dans la classe, vous n’avez pas le niveau pour présenter du dessin au bac » Au moins c’est une généralité, mais cela suffit à exploser mes projets fous d’études. Pauvre folle pleine d’espoir.
Dernièrement, le reflet que je reçois de moi-même n’arrange pas vraiment mon moral déjà défaillant. Il semblerait qu’au final, je sois une personne qu’on peut vite oublier, qui manque d’une certaine originalité et d’un style. Et surtout, une personne affublée de défauts plus grands qu’elle. Je suis, à c'qui paraît, bourrée de problèmes.
Certains problèmes restent présents, persistent et s’aggravent. Je n’arrive qu’a en parler en bride, les mots ne veulent pas venir, je ne veux pas prononcer ce genre de phrases, cela se résume peut être finalement au fait, que pour le moment, je ne souhaite pas vraiment en parler. Un sourire, des morceaux d’histoire sur un ton désinvolte et les mots se meurent avant de se former. Et lui là, qui a su, surement grâce à sa propre expérience, cela m’a rendu heureuse, reconnaissante envers ce type qui se la joue et qui pourtant au fond, reste celui que j’ai connu il y a cinq ans. Et j’aime ces moments où l’on se parle comme ça.
Et lorsque je me tape cette stupide côte, que l’impression de ne pas réussir à arriver jusqu’au bout se fait sentir, j’ai souvent l’envie de m’arrêter, de faire une pause, de m’asseoir sur un bout du trottoir et tenter de reprendre mon souffle, pour finir par m’étaler sur le béton, la respiration courte, la tête plongée vers les nuages. Tenter d’oublier la douleur présente, et disparaître, finir par se fondre dans cette matière froide et grisâtre. Couler dans le bitume, devenir invisible, et les gens me piétinerons à leur guise sans même s’en rendre compte. Abandonner la partie et disparaître tout simplement. Mais je stoppe jamais, je pause le vice à savoir jusqu’à quelle allure je peux pousser mon corps avant d’avoir l’impression de suffoquer. Et finalement, tant qu’il y des gens vers qui je dois aller, je continuerais toujours, en ayant dans la tête, les paroles de la chanson de Ken dans je ne suis pas un ange d’Ai Yazawa…
« Je lève les yeux au ciel, mais ce temps morne me renvoie ma tristesse. Je gravis cette harassante côte, comme toujours. Je n’en peux plus. Mais je ne peux cesser de penser à celle que j’aime, alors je me rechausse correctement. A travers les nuages, j’aperçois une éclaircie, cette douce chaleur réchauffe mon cœur et me rappelle le visage de celle que j’aime. Ma petite, au sourire de l’ange. Cette lourde pensée hantait mon existence. Mais un jour, j’ai abandonné mon rêve, je vais le ramasser sur le chemin du retour. Ce chemin qui me guide vers toi. »
C’est rien d’insurmontable dirons nous. Sourions, et tout ira bien ~
“Just remember to smile, smile, smile, that's a good enough start” ♫ -mcfly-