Il y a une semaine, jour pour jour, jeudi dernier donc, mon Opalie est morte. Au printemps, pour ne pas faire exception à la règle. Elle a été atteinte dans sa fin de vie plutôt peinarde de vieille chienne d’une leucémie foudroyante. Elle dépérissait et faiblissait à vue d’œil, pour finalement n’être qu’une enveloppe amorphe sur le sol, qui ne levait la tête par moment pour nous jeter un regard absent. Où était passé la chienne énergique, qui nous harcelait pour avoir ne serait ce qu’une caresse ? L’euthanasie était finalement la seule solution. Jamais elle n’aurait pu être soignée, alors même si le lendemain elle aurait regagner de la force (et encore, on pense qu’elle n’aurait pas réussis à se déplacer à nouveau de manière autonome), elle aurait forcément à nouveau souffert après. C’était qu’un animal, qu’une chienne, mais c’était celle qui depuis onze ans était là, présente dans cette maison. Depuis que j’ai six ans, je me suis réfugié auprès d’elle pour sécher mes larmes, que j’ai sangloté au creux de son oreille. Peut être en fais je trop, pour un simple chien, mais après ces onze ans passé avec elle, le chagrin est que trop présent. Je crois la voir, par moment du coin de l’œil, pour finalement me rappeler avec un pincement au cœur, qu’elle se sera plus jamais là. Les endroits où elle avait l’habitude d’aller semblent vides, il manque sa présence, et c’est le cas en fait partout dans cette maison.
Je crois que je me souviendrais toujours de ces instants où, je l’ai vu partir pour aller chez le véto. Où je l’ai vu partir à jamais de la maison, où je l’ai vu vivante pour la dernière fois. Où mon père, ma mère et ma grande sœur sont montés en voiture avec elle, me laissant seule derrière avec les deux petites chiennes. Me laissant seule avec mon chagrin de savoir que c’était la dernière fois que je la voyais, qu’elle partait vers la mort. J’ai eu un tel mal à m’éloigner d’elle, à la laisser dans cette voiture, surtout qu’elle n’a jamais aimé la voiture, son regard était paniqué, mais je ne saurais dire si c’était la voiture la cause ou l’instinct qui lui annonçait la fin. J’ai donc du m’arracher d’elle, la laissant avec mes derniers murmures comme pour tenter de la rassurer.
« Comme pour chasser ses idées noires, il s’aspergeât le visage d’eau glacée, il s’appuya alors sur le rebord du lavabo, laissant ses cheveux goûter. Il tentait de se calmer et pourtant son ventre semblait toujours en proie à un bouillonnement. Il releva alors la tête et son regard croisa celui de son reflet. Les cernes se creusaient d’avantages sous ses yeux et il avait l’air épuisé. »
Les disputes au sein de la famille continuent inlassablement, aucune solution ne semblent être aborder. Je suis fatiguée d’une telle situation. J’aimerais que tout s’arrange, ou que tout finisse. Je quitte la maison lorsque l’occasion m’est présentée, plus que d’habitude, j’en ai marre de cette situation de conflits permanents.
J’aurais préféré être simplement ballotté par le temps et m’accroché désespérément au souvenirs de ce merveilleux jours, me lamenter de ne pas réussir à graver chaque seconde dans mon esprit, j’aurais préféré cette douleur qui lorsqu’on arrive à se replonger dans ses souvenirs, ce fait plus douce. Oui, j’aurais préférée cette douleur sadique qui peut finalement apporter un peu de réconfort plutôt que ces douleurs qui me tenaillent pour des raisons que je ne peux contrôler.
Je garde encore le goût amer de vendredi dernier, que j’espère sera estompé par la journée de demain, où je me suis retrouvée plus seule que la solitude, dans ma maison plutôt vide suite à la mort d’Opalie. Juste les deux autres chiennes étaient là, la promenade que j’ai d’ailleurs du faire fut dure. D’autant plus dure lorsque je savais que pendant que je luttais contre ma tristesse, elles se voyaient, elles s’amusaient, sans moi. Comme laissée de côté, comme une évidence. Une douleur supplémentaire et un trait pour souligner ma solitude. Seule avec ces sentiments qui me tordaient les boyaux tours à tours, la tristesse, la colère, la jalousie.
Il me faut réviser pour le bac de français maintenant. Bien que les écrits soient finis à présent, il me reste le plus dur, pour moi, c'est-à-dire l’oral. Mais, les révisions sont dures, avec toutes ces idées et notions de vacances qui circulent à côtés de moi, la concentration est dure. Les sorties se font plus courantes, et je ne peux en refuser. Je m’en rendrais malade. J’espère être prête. Le 1er Juillet, après mon tour à dix heures, je pourrais clamer haut et fort "je suis en vacances" mais ce qui me chagrine le plus, c'est que j'en ai aucune réelle envie.
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